Du bambou pour recycler les composites
La start-up française Bambooneo recycle les déchets composites en les intégrant dans des murs conçus à partir de lanières de bambou. Elle propose par ailleurs des granulés de bambou comme renforts pour composites permettant d’abaisser l’empreinte carbone de certains produits.
Une prison de bambous pour les déchets composites. Ainsi pourrait-on présenter l’innovation de la start-up Bambooneo. Sa solution, destinée au secteur du BTP, repose sur un procédé breveté qui permet de produire industriellement des panneaux à partir de petits bambous de 20 mm de diamètre, cultivés en Europe. « Nous travaillons sur des blocs de construction constitués d’une sorte d’exosquelette ou de carapace en lanières de bambou, qui pourra emprisonner des granulats de pales d’éoliennes à recycler par exemple », précise Bernard Derrien, fondateur de la start-up, créée en juin 2024, qui emploie une dizaine de personnes, par ailleurs menuisiers ou recycleurs.
Une trame en bambou
La première étape du processus, brevetée, consiste en l’éclatement puis au collage entièrement automatisé de 32 bambous par seconde. Ils sont ensuite transformés en panneaux de 80x120cm constitués de 2 couches croisées superposées et fixées grâce à une colle polyuréthane biosourcée à 80 %.
Collés ensemble, ces panneaux peuvent remplacer de l’OSB (Oriented Strand Board, panneaux traditionnellement fabriqués à partir de particules de bois, NDLR) pour des coffrages, des façades, ou encore des poutres.
Les atouts des composites
Bambooneo les utilise ensuite pour fabriquer des briques de 40×20 cm, de 40 mm d’épaisseur, constituées de 25 lanières de bambou croisées et emboîtables comme des legos. Avec une rigidité supérieure au bois, elles permettent ensuite de fabriquer des murs à double-cloison qui pourront être remplis de terre-sèche mêlée à des écorces ou des composites en granulés.
« On peut remplacer la terre par un broyat de composites sous forme de granulés car l’apport en poids et en inertie thermique est intéressant. L’utilisation de composites comme remplissage permet par ailleurs de recourir à moins d’arbres coupés pour la fabrication des bâtis. Nous essayons dès que c’est possible d’utiliser des déchets à la place de la terre. Cela rend les murs très solides, denses, avec une bonne isolation. Les composites constituent en effet un meilleur isolant que la terre. On peut intégrer 60 kg de composites par m2 de mur », précise Bernard Derrien.
Alléger l’empreinte des composites
Bambooneo se charge de la récupération de la matière première à recycler à la source. « Nous nous occupons de tout, nous nous rendons sur les chantiers avec des broyeuses sur camions pour récupérer des pales d’éoliennes ou des pièces de gouvernails de catamarans comme les safrans. Puis nous les broyons sur place avec trois niveaux de broyage différents selon les besoins. Nous n’avons pas besoin de séparer les composants. Notre technologie s’adapte aussi bien aux rebuts composites de l’automobile que de l’aéronautique ou de la marine », poursuit M. Derrien. Les composites dans les cloisons n’étant pas mélangés avec d’autres ingrédients, ils pourront être réutilisés tels quels en cas de démantèlement des murs.
Pour compléter son offre, Bambooneo propose également un produit destiné cette fois davantage aux fabricants de matériaux composites. Il s’agit de granulats de faces externes de petits bambous de moins de 25mm de diamètre. « Ces renforts compacts et denses comportent plus de lignine que le teck et contiennent également une quantité importante de silice. Certains de nos clients les testent actuellement pour améliorer leur bilan carbone », précise le fondateur de la jeune pousse.
Photo d’en-tête : Bambooneo