SMM Composites fête ses 40 ans en grandes dimensions
Le spécialiste breton des moules grand format en matériaux composites SMM Composites a fêté ses 40 ans en octobre dernier sous le signe du renouveau stratégique et technologique. L’entreprise, qui accompagne depuis 2020 les skippers du Vendée Globe, a dévoilé pour l’occasion un nouvel investissement et une image de marque repensée.
C’est à Lanester, en Bretagne, au cœur de la Lorient Composites Valley que l’entreprise SMM Composites, fabricant de moules grand format, a célébré le 16 octobre dernier, ses 40 ans d’existence. L’entreprise, qui est intervenue sur le Vendée Globe 2024 par le biais notamment de 5 moules de coques de bateaux et de 3 moules de ponts de bateaux, a présenté pour l’occasion son dernier investissement de pointe. Elle a par ailleurs présenté sa réorientation stratégique symbolisée par une nouvelle charte graphique et un nouveau logo où l’entrelacement des lettres rappelle un moule.
Un investissement grand format
Avec des donneurs d’ordres comme les chantiers de construction navale ou des acteurs de la défense, SMM Composites a lancé il y a une dizaine d’années une stratégie grandes dimensions qui se poursuit avec des investissements réguliers. « Nous investissons 14 % de notre chiffre d’affaires en R&D dans les matériaux et process dans les secteurs tels que la propulsion vélique et l’énergie. Nous engageons également un volet sur l’impression 3D et l’intégration de fibres recyclées et de résines biosourcées », précise Olivier Kerdoncuff, président de SMM Composites.
C’est d’ailleurs dans ce dernier volet que s’inscrit l’investissement dévoilé par l’entreprise à l’occasion de son anniversaire. D’une valeur de 800.000 euros, cette machine d’impression 3D LSAM (Large Scale Additive Manufacturing) de 5 x 2 x 1,2 mètres et son centre d’usinage pour grandes pièces, a été financée à 40 % par France Relance. Installée dans l’atelier de production d’une superficie de 6500 m2, la machine, considérée comme un investissement de robotisation, se substitue à une partie manuelle de préformes. Equipée de deux têtes, l’une d’extrusion, l’autre d’usinage, elle fonctionne par procédé additif / soustractif grande dimension et permet de proposer des pièces et des moules de plus en plus grands qui favorisent la simplification des structures et la baisse des coûts de production.
« Nous avons livré cette année des moules pour fabriquer des pales de 32 mètres, détaille le dirigeant de SMM Composites. Les moules que nous proposons sont principalement destinés à des prototypes techniques et des préséries. La fabrication d’un moule est d’abord réalisée avec une pièce mère que l’on viendra ensuite surmouler. Grâce à cette machine, nous imprimons directement en thermoplastiques chargés, ce qui nous permet de supprimer le temps d’infusion traditionnellement requis. Le moule est en thermoplastiques (PC, ABS, PEI) chargé en fibres de carbone ou de verre », poursuit Olivier Kerdoncuff.
La machine permet également de répondre à des demandes de plus petits moules pour des prototypes rapides ou de la série. « Elle divise par 4 ou 5 le délai de fabrication pour des coûts qui restent pour l’instant identiques car c’est une technologie en développement », poursuit M. Kerdoncuff, qui estime que de nombreuses évolutions restent nécessaires avant d’envisager l’utilisation de cette technologie pour la fabrication de tous les moules.
Abaisser l’empreinte carbone des clients
Si la nouvelle machine d’impression 3D est envisagée à long terme pour prendre en charge la fabrication du maximum de moules et de pièces, c’est également car elle permet une meilleure recyclabilité donc une meilleure empreinte carbone en bout de chaîne. « Nous avons monté un projet collaboratif, React-3D, en partenariat avec le compounder Elixance et le pôle universitaire breton ComposiTic », précise le dirigeant de l’entreprise. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une transition technologique et écologique de la filière nautique pour la réalisation de futurs outillages pour composites. L’objectif du projet est d’imprimer directement en 3D des outillages pour composites grandes dimensions grâce à des matériaux thermoplastiques spécifiquement formulés pour ce process de fabrication automatisé qui favorisent le recyclage des pièces en fin de vie et la revalorisation des déchets de production.
Grâce au projet React-3D, « nous faisons actuellement des essais sur notre extrudeuse 3D avec des compounds issus de nos anciens moules. Ces derniers sont envoyés sur le site de ComposiTic, à Ploemeur, qui dispose d’une broyeuse nous permettant de bénéficier d’une matière recyclée sous forme de granulés en entrée d’extrudeuse. Le projet de R&D consiste à trouver les recettes qui fonctionnent et à établir les proportions nécessaires en fonction des résultats souhaités », détaille Olivier Kerdoncuff. « L’orientation des fibres lors de l’impression permet de conférer une dilatation spécifique au moment de la cuisson. Nous intégrons donc ces caractérisations de dilatation en fonction de l’orientation des fibres afin d’anticiper les déformations du moule », poursuit-il.
SMM Composites veille par ailleurs à prendre en charge au maximum le cycle de vie de ses produits. Les matériaux utilisés sont l’époxy à plus de 80 % ainsi que le polyester avec fibres de verre et de carbone. « Nous faisons recycler notre PS par notre fournisseur Knauf. Sur un moule réalisé en usinage, nous atteignons ainsi 80 % de matière recyclable et recyclée. Nous suivons par ailleurs de près ce qu’il se passe en termes de recyclage des thermodurcissables. Nous intégrons depuis quelques temps de la fibre naturelle comme le lin et mettons en œuvre dans nos moules des résines époxy contenant autour de 20 à 30 % de matière biosourcée », précise M. Kerdoncuff.
Les chutes de fibre de carbone à recycler sont quant à elles envoyées chez une entreprise à proximité, située à Languidic, Apply Carbon, qui les utilise pour d’autres applications comme des charges de thermoplastiques.
La voie du grand large
SMM Composites a débuté son activité autour du modelage à la main. Les premiers centres d’usinage numérique ont été installés dans les années 2000 et les premières infusions de moules et de pièces dix ans plus tard. « Nous avons lancé il y a plusieurs années un plan de développement ambitieux, soutenu depuis 2023 par le fonds ReG de Pechel. Nous nous concentrons sur des secteurs à fort potentiel, sur lesquels nous nous positionnons comme un accélérateur de l’innovation industrielle et un partenaire clé pour l’activité de nos clients », raconte M. Kerdoncuff, arrivé dans l’entreprise en 2011.
« Aujourd’hui, nos marchés sont la défense, l’aéronautique, l’énergie avec l’éolien ou encore la course au large. Nous fabriquons des moules de coques pour des bateaux participant à la coupe de l’America ou au Vendée Globe. Nous touchons également tout le milieu naval avec la propulsion vélique intégrant du composite, utilisée notamment pour les bateaux de transport de marchandises ou de personnes », déclare M. Kerdoncuff.
Le marché récent de la propulsion vélique des navires commerciaux ou de personnes, un secteur plutôt métallurgique jusqu’ici, est en effet passé aux composites par le biais des mâts et des voiles, ouvrant ensuite la voie à de nouvelles demandes de pièces autres.
Les parts de marché de l’entreprise de 50 salariés sont aujourd’hui réparties à 20 % dans la course au large, 20% dans l’aéronautique, 20% dans le naval, 20 % dans l’énergie et 20 % dans la défense. L’international, qui fait partie des objectifs de développement, représente environ 15 % du chiffre d’affaires estimé à 7.5 millions d’euros en 2024, en croissance cette année de 20 %. Un beau cadeau d’anniversaire !
Photos : SMM Composites